Identité et territoire: Défis et outil de gouvernance en République Démocratique du Congo (Par Mees Tshiband Bulang-C.)


Identité et territoire, un article publié dans la Revue USAWA n°27, 2017 à Kinshasa.

     Il y a environ un siècle que la République Démocratique du Congo est créée, de manière tout à fait spéciale, et « conventionnelle entre les chefs dits traditionnels et les expéditions européennes comme le fait entendre Mambi Tunga-Bau, H. »[1]. Son organisation et sa gestion semblent être aussi spéciales, tendant vers la négativité et les échecs managériaux ou administratifs. La subdivision de son espace (celui de la RD Congo) émaillerait des imperfections administratives énormes, construite sur base de réalités politico-personnelles sans tenir compte des réalités socio-identitaires et géographiques de l’espace à subdiviser. De même, la RD Congo, est butée à une réalité des nations locales et originelles appelées communément et arbitrairement ethnie, « qui sont le creuset de tout pouvoir politique en Afrique en général et en République Démocratique du Congo en particulier »[1]. Ces entités ont leurs terres ou territoires qu’elles se sont attrapées avant l’entrée de l’Européen en Afrique, et même pendant ses premiers séjours en Afrique ; elles ont la population homogène ou hétérogène, qu’importe, ces populations sont/étaient soumises à une seule autorité, centre de propulsion des options politiques fondamentales. Ces territoires existent d’une manière ou d’une autre, tranchés de l’autorité ou annexés à l’autre autorité ou alors gérés par l’autorité concernée...

 

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L'être et la tolérance chez Gabriel Marcel (Par Jean-Claude Willy Kuut)


 Nos pays d’Afrique vivent les situations de violence, de destruction de vies humaines et des économies nationales. Les hommes sont dressés les uns contre les autres en vue de défendre leur possession et leur droit même là où ce dernier n’est pas. Mais aussi, l’humanité entière semble exposée aux inclinations liées à l’être même de l’homme, une créature exposé à l’altérité en présence de l’autre. On observe un peu partout des actes et paroles qui révèlent une certaine détermination à ne pas rester passif face à l’autre et surtout face à son attitude. Cet autre nous affecte, nous provoque et nous stimule. Il nous met en mouvement et nous entraîne dans notre essence. Par le « nous » entendons plutôt le « je » qui vit, qui est en présence de l’autre « je » et d’autres « je » dans une interaction et une réciprocité. Ou j’accepte l’autre comme un complément de moi-même, ou je le considère comme étranger et n’ayant droit à mon ouverture, ou je le traite comme un inconnu à qui on montre une indifférence. Il est question ici de comprendre l’être dans cette dimension avec les autres. Il nous faut contribuer à pénétrer le mystère de l’homme et de la tolérance. J’entends par mystère ici, comme une source cachée de connaissance à laquelle on ne peut accéder que par une réflexion philosophique. L’homme est-il tolérant ou se montre-t-il tolérant ? L’étant de l’homme en relation avec les autres est-il tolérance ou le phénomène tolérance n’a rien à voir avec l’être homme. En parlant de la tolérance, situons-nous dans la métaphysique ou dans l’éthique ? Voilà tant des questions que l’homme africain aujourd’hui en quête de paix brisée ne cessera de se poser sur sa terre et ailleurs.

 

Aristote a abordé la question de l’être en plusieurs termes, allant de la physique à la métaphysique, du sensible à l’intelligible. Plusieurs auteurs et philosophes ne sont pas restés en marge. L’être de Gabriel Marcel est mystère, cela se remarque par le titre d’une de ses publications : « Le Mystère de l’être ».  Il parle plus essentiellement de l’être homme. Nous notons qu’il le considère comme portant une histoire, « le répertoire » qui, en interaction avec une autre, ne coïncide pas mais se complète[1]. Il y a plutôt un mouvement vers l’autre plutôt que sa possession. Il met la différence entre « être » et « avoir » comme pour signifier qu’on ne possède pas l’autre comme un objet. L’avoir, c’est  le monde des objets. Et l’objet est « ce qui ne tient pas compte de moi, ce pour quoi je ne compte pas »[2]. Tout ce qu’on peut disposer ou posséder, tout ce que l’on peut manipuler et échanger, tout ce dont on peut se servir, tout ce qui nous est utile pour couvrir nos besoins, est de l’ordre de l’avoir. Par contre, « l’être est accomplissement, […] interprété comme mode de participation à… »[3]. Toute participation est inscrite dans le cadre de l’activité. L’être se déploie et s’implique, tandis que l’objet est passif. Mais cet être « ne se laisse pas dissoudre par la dialectique de l’expérience (l’expérience en tant qu’elle se réfléchit elle-même) »[4].

 

Le terme tolérance quant à lui, a plusieurs sens. Il vient du latin «tŏlĕrantĭa » qui veut dire endurance, patience, résignation. Il vient du verbe « tŏlĕrāre », c’est-à-dire, tolérer. Tolérer prends les significations diverses selon le rapport de l’homme à l’homme, ou de ce dernier à des choses et dispositions psycho-physiologiques. Nous n’allons pas aborder tous les sens de ce mot tolérance mais nous nous arrêtons à faire ressortir ce que Gabriel Marcel veut nous transmettre comme compréhension de ce terme. Précédemment nous avons dit que l’être homme appelle à la disposition à accueillir l’autre en participant avec lui à la complémentarité. La tolérance que nous présente Gabriel Marcel, est une manifestation de soi à l’autre non pour le dominer mais plutôt pour coexister, cohabiter, collaborer et partager la coresponsabilité.

La tolérance, terme qui a son origine plutôt religieuse que philosophique au siècle de guerres de religion entre catholiques et protestants, nous confronte à un mode de langage et à une expérience relationnelle avec les autres...


[1] JM, p. 177

[2] RI, p. 48.

[3] ME II, p. 47.

[4] JM, p. 179

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GESTION ET VALORISATION DES DECHETS A MWENE-DITU       (Par Mees Tshiband Bulang-C.)


Gestion et valorisation des déchets à Mwene-Ditu, Un article publié dans la Revue USAWA n°28, 2017 à Kinshasa.

L'assainissement de l'espace vital de l'homme est une question d'ordre mondial. L'homme aménage pour son confort l'espace l'hébergeant.

En RD Congo, en général les villes s'échappent aux conditions et aux mécanismes d'assainissement, et à la protection de l'homme contre toutes les intempéries et d'autres maladies dues aux conditions malsaines des espaces urbains. Et la ville de Mwene-Ditu étant jeune, mérite une attention particulière des scientifiques, gestionnaires et de la population habitante, pour des précautions et mesures de gestion rationnelle et rigoureuse, et la valorisation des déchets qui proviennent à majorité de ménages et les déchets plastiques.

Dans cette jeune agglomération urbano-rurale, la ville de Mwene-Ditu, les voiries sont inondées de déchets de toutes catégories, les espaces publics et les lieux vides: rues ou avenues, les terrains non occupés privés-publics sont devenus les poubelles où les ménages et les passants déversent et jettent les déchets. Sans se préoccuper de la beauté et la propreté de cette ville, qui peut et/ou doit être rendue un miroir.

Et pourtant, les déchets sont...

 

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[1] R. CEYSSENS, Balungu. Constructeurs et destructeurs de l’Etat en Afrique centrale, Paris, L’Harmattan, 1998, p.32.


BULUNG, UNE IDENTITE PERDUE ? (Par Mees Tshiband Bulang-C.)


Bulung, une identité perdue, Un article publié dans la revue USAWA n°29, 2017 à Kinshasa

Introduction

 Vraisemblablement, le tout premier texte identifiant les balungu (balung) avec les Kanyòk, est directement inspiré par P. Le Marinel : il s’agit d’un repartage à l’occasion de l’expédition au Katanga, avec notamment G. Descamps, E. Verdick, A.Legat, sous la conduite de Le Marinel (1890-1891). L’éditeur-rédacteur du mouvement géographique (Wauters en1892) localise dans le district de Kanioka (Kanyòk) une tribu inconnue, à savoir les Balungu (balung), qui seraient à un niveau plus élevé que tous les autres indigènes rencontrés dans ce voyage, sauf peut-être ceux de la capitale même de Msiri. Chez eux, tout indique un commencement de civilisation [1].

Dans l’ouvrage de Rik Ceyssens, ce dernier cherche à identifier...

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[1] R. CEYSSENS, Balungu. Constructeurs et destructeurs de l’Etat en Afrique centrale, Paris, L’Harmattan, 1998, p.32.


PACTE D’AMITIE CHEZ LES KANYÒK : LA CONFIANCE ET L’UNITE SOCIALE    (Par   Mees Tshiband Bulang-C.)


Pacte d'amitié chez les Kanyok: La confiance et l'unité sociale, un article publié dans la revue USAWA n°30, 2017 à Kinshasa

Dans une société « civung » il y a les valeurs et pratiques qui œuvrent pourla cohésion sociale, pour la collaboration intime ainsi que l’émergence d’une confiance« mulèlwiil »entre les individus d’une communauté« Cóót », et même pour toute la société nationale qu’internationale.C’est le cas par exemple du cérémonial ou de la pratique de « kukwaatbulúnd » ou « Dikwààtbulúnd » ‘lier l’amitié’ chez les Kanyòk. Cette pratique œuvrait et consistait précisément à la construction d’une société de confiance, unie et prospère.

Le manque de confiance entre les individus débouche à des problèmes sérieux au sein d’une société donnée. Dans la société où nous avons mené les présentes recherches, Mwene-Ditu ou Mwiin Diit comme les autochtones l’appellent, nous constatons le refroidissement, la timidité, la malhonnêteté, l’espionnage et tous les autres vices dans les relations qu’entretiennent les individus de cette société entre eux. Pourtant l’apparence de ces relations semble être bonne ; on semble être sincèrement attaché à quelqu’un, et d’une manière réciproque, alors que l’intérieur est tout autre, hostile et contradictoire.

« Cingabeeb, masek haanyím, bwaal mund » [excavation d’une rivière...

 

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